Le livre « Le courage de changer », aide les proches d’alcooliques à vivre avec la maladie de leur proche en 12 étapes, et à tenter d’être, malgré tout, heureux. |

Virginie ÉNÉE.

 » Mettre de la distance entre son alcoolisme et moi « 

 

Chaque mardi, le groupe Al Anon de soutien aux proches d’alcooliques se réunit à Trouville-sur-Mer. Pour partager les épreuves de ceux qui subissent aussi la maladie et tenter d’avancer.

Témoignage

Ce soir-là, ils étaient quatre autour de la table. Des hommes et femmes d’âges divers, dont un conjoint ou un enfant ont été happés par la maladie. Certains la vivent toujours de front, tandis que d’autres partagent le quotidien d’un abstinent.

Avant de débuter, les grands principes de l’association sont relus : « Aucune situation n’est jamais désespérée, nous pouvons être heureux, que nos proches continuent de boire ou non. »

Al Anon est un groupe de parole né aux États-Unis, basé sur un programme en douze étapes, calqués sur celui des Alcooliques anonymes. Autant de points de réflexion, comme de soutien pour ceux qui vivent au quotidien auprès d’alcooliques et qui souffrent aussi de cette maladie. Certains y ajoutent la foi en un dieu, sans obligation. L’anonymat, lui, est assuré.

Le détachement avec amour

Pour discuter du thème de ce soir, « Le détachement avec amour », c’est ce quinquagénaire qui prend la parole : « Je me suis demandé comment on pouvait accoler deux mots aussi antinomiques. Comment défaire les liens qui me lient à mon fils alcoolique alors que je l’aime ? Et puis, j’ai compris qu’il fallait que j’essaye de mettre de la distance entre son alcoolisme et moi, tout en continuant à l’aimer. Depuis, je me sens mieux. »

« Mais j’ai écrit ce texte il y a une semaine, nuance-t-il. Et ce week-end, alors que ma famille et moi nous réjouissions de fêter son anniversaire, il n’est finalement pas venu car il avait fait une rechute. Alors c’est sûr que ce détachement est plus facile à avoir quand la mer est calme. »

Cet autre membre prend la parole : « Toutes les semaines, il y a un mouvement de bascule pour l’un d’entre-nous. Le lendemain de la dernière réunion, ma compagne a elle aussi fait une rechute. C’est un peu décourageant mais il faut rester humble : c’est quand on croit qu’on fait tout bien et qu’on avance dans le programme qu’on peut être piégé par une rechute. »

« Vivre un jour à la fois »

« Ce soir je ne vais pas dire grand chose, je n’ai pas passé une bonne semaine, souffle cette femme qui, une phrase suivant l’autre, parle finalement de longues minutes. « On peut peut-être se détacher d’un mari mais on ne peut jamais se détacher de son enfant. Et en venant ici j’ai compris que je ne pouvais pas me substituer à lui. Faire ses comptes, arranger les choses avec sa compagne… Depuis que je ne le fais plus il est allé aux Alcooliques anonymes. »

« J’essaye maintenant de vivre un jour à la fois, de ne pas faire de projets avec mon fils car je sais qu’ils pourraient se casser la figure. » Les yeux rougis mais le coeur un peu moins lourd, elle conclut : « Je suis contente d’être là ce soir, grâce à vous je vais repartir un peu regonflée. »

Pour contacter Al Anon : alanontrouville@gmail.com Tél. 01 42 81 97 05. Réunion anonymes chaque mardi, à 19 h 30, à la Maison des associations de Trouville. Ouvert à tout public chaque premier mardi du mois.